Le système de retraite suisse à la loupe: le 2e pilier & la LPP
Le 2e pilier du système de retraite suisse (la prévoyance professionnelle ou LPP) est alimenté par les cotisations salariales et vise à garantir un niveau de vie suffisant une fois à la retraite.
Le système de retraite suisse, réputé pour sa complexité, est composé de trois piliers qui ont vocation à se compléter mutuellement. Le deuxième pilier (aussi appelé LPP) repose sur une prévoyance professionnelle, permettant de garantir un niveau de vie suffisant une fois à la retraite. En tant que travailleur frontalier ou résident en Suisse, vous êtes concerné! Fonctionnement général, montant des cotisations et calcul de la rente: dans cet article, découvrez tout ce que vous devez savoir sur le deuxième pilier!
Le deuxième pilier: fonctionnement général
Le deuxième pilier du système de retraite suisse vise à garantir un niveau de vie suffisant une fois à la retraite. Aussi appelé LPP (loi sur la prévoyance professionnelle), il est intimement lié à votre situation professionnelle et à ses évolutions tout au long de votre carrière.
Le deuxième maillon du système de retraite suisse
Le deuxième pilier du système de retraite suisse fonctionne selon un principe simple: vous cotisez tout au long de votre vie professionnelle et vous récupérez cet argent sous forme de rentes ou de capital une fois à la retraite. En principe, vous récupérez donc cet argent à l’âge légal de la retraite (64 ans pour les femmes et 65 ans pour les hommes).
Le deuxième pilier a vocation à compléter le premier pilier pour garantir un niveau de vie suffisant une fois à la retraite: les rentes issues de ces deux piliers représentent environ 60% du dernier salaire. Pour toucher davantage de rentes, vous pouvez librement ouvrir un troisième pilier.
Bon à savoir: le deuxième pilier est un système par capitalisation, c’est-à-dire que vous toucherez les montants que vous avez vous-même cotisés, et le premier pilier est un système par répartition, c’est-à-dire que les cotisations des actifs actuels sont reversées aux retraités actuels. Pour avoir l’historique complet du système de retraite suisse, rendez-vous sur le site officiel de la confédération suisse.
Attention: une réforme du système des retraites est entrée en vigueur en Suisse le 1er janvier 2024, fixant l’âge légal de la retraite des femmes à 65 ans. Une période transitoire est prévue, avec une augmentation progressive de l’âge de référence des femmes à partir de 2025, jusqu’à atteindre les 65 ans.
Qui est concerné par le deuxième pilier?
Seuls les travailleurs salariés sont tenus de cotiser au titre du deuxième pilier, sous réserve de certaines conditions:
-
Être âgé d’au moins 17 ans, sans quoi cela signifie que vous n’êtes pas concerné par les cotisations sociales en Suisse.
-
Être affilié au premier pilier, sans quoi cela signifie que vous n’êtes pas concerné par le système de retraite suisse.
-
Toucher au moins CHF 22.050.- par ans (si vous touchez moins que ce seuil minimal, votre employeur peut vous assurer au 2e pilier sur une base volontaire).
Bon à savoir: les travailleurs frontaliers et les travailleurs-résidents de nationalité étrangère sont concernés au même titre que les travailleurs de nationalité Suisse.
Les travailleurs indépendants, quant à eux, ne sont pas tenus de cotiser au titre du deuxième pilier. Cependant, ils peuvent décider de cotiser volontairement pour toucher une rente plus élevée une fois à la retraite, comme ils le feraient avec un troisième pilier.
Comment cotiser au titre du deuxième pilier?
Le deuxième pilier est donc avant tout pensé pour les travailleurs salariés. Les cotisations au titre du deuxième pilier sont en principe assumées à part égale par le salarié et son employeur. En pratique, vous n’avez rien à faire: votre employeur se charge de toutes les démarches et prélève vos cotisations directement sur votre salaire (vous pouvez retrouver l’information sur vos fiches de salaire, ainsi que votre certificat de salaire, délivré chaque fin d’année). Il verse ensuite votre part (en principe, 50%) et la sienne (en principe, 50%) à la caisse de pension à laquelle l’entreprise est affiliée.
La loi fixe un taux minimum de cotisations au titre du deuxième pilier, qui augmente avec l’âge:
-
Moins de 25 ans: pas de taux minimum.
-
De 25 à 34 ans: vous cotisez au moins 7% de votre salaire au titre du 2e pilier.
-
De 35 à 44 ans: vous cotisez au moins 10% de votre salaire au titre du 2e pilier.
-
De 45 à 54 ans: vous cotisez au moins 15% de votre salaire au titre du 2e pilier.
-
De 55 à 65 ans: vous cotisez au moins 18% de votre salaire au titre du 2e pilier.
Des caisses de pension indépendantes: un système hétérogène
Chaque entreprise est affiliée à une caisse de pension (telle que l’entreprise reconnue Swiss Life par exemple) qui gère les deuxièmes piliers de ses employés. Ces caisses de pension sont des organismes privés et indépendants les uns des autres: chacun à ses propres règles. Cela signifie que le fonctionnement de votre deuxième pilier diffère selon la caisse de pension à laquelle votre employeur est affilié.
Cette flexibilité concerne d’abord les cotisations. Certaines caisses de pension appliquent les taux de cotisation minimums fixés par la loi, mais d’autres appliquent des taux plus élevés. De même, certaines caisses de pension permettent à l’employeur de cotiser davantage que le salarié. De manière générale, les caisses de pension avec les taux de cotisation les plus élevés sont jugées plus avantageuses à long terme car elles assurent une meilleure rente une fois à la retraite.
Cette flexibilité concerne également l’âge à partir duquel vous touchez vos rentes. En principe, vous touchez les rentes de votre deuxième pilier à partir de l’âge légal de la retraite en Suisse (actuellement 64 ans pour les femmes et 65 ans pour les hommes). Mais certaines caisses de pension vous permettent de toucher ces rentes dès 58 ans en cas de retraite anticipée, et jusqu’à 70 ans en cas de retraite ajournée.
Que faire en cas de changement de situation professionnelle?
Vous l’aurez compris: le fonctionnement de votre deuxième pilier dépend de votre employeur et de votre caisse de pension. Alors que faire en cas de changement de situation professionnelle?
Cas général: le transfert automatique de votre deuxième pilier
Le passage d’une activité salariée à une autre est des plus courants. Mais chaque employeur choisit librement la caisse de pension à laquelle affilier son entreprise: en d’autres termes, si vous changez d’employeur, il y a de fortes chances pour que vous changiez aussi de caisse de pension. Dans ce cas, pas d’inquiétude: votre ancienne caisse de pension se charge de transférer les montants que vous avez cotisés au titre deuxième pilier à votre nouvelle caisse de pension.
Bon à savoir: pensez tout de même à vérifier que votre ancienne caisse de pension a bien transféré votre 2e pilier. Si ce n’est pas fait dans les six mois, il sera automatiquement transféré à la Fondation institution supplétive LPP, et vous devrez entamer des démarches pour le récupérer par vous-même.
Attention: ce transfert automatique n’est applicable que si vous cotisez sans interruption entre vos deux postes. C’est notamment le cas si vous passez d’une activité salariée à une autre sans période d’interruption, car vous êtes alors obligé de continuer à cotiser.
Stocker votre deuxième pilier avec un compte de libre passage
Cependant, dans certaines situations, vous pouvez ne plus cotiser au titre du deuxième pilier pendant une période plus ou moins longue. C’est notamment le cas si:
-
Vous avez une période d’interruption entre deux emplois salariés,
-
Votre salaire baisse en dessous du seuil minimum (CHF 22.050.- par an),
-
Vous partez travailler à l’étranger (de manière non définitive),
-
Vous arrêtez de travailler pendant un temps pour suivre une formation.
Dans ces cas, vous ne pouvez pas retirer librement les fonds cotisés au titre du deuxième pilier: vous devez les stocker sur un compte de libre passage : un compte bancaire spécial prévu à cet effet. Vous pouvez alors considérer votre deuxième pilier comme en veille. Ensuite, lorsque vous recommencerez à cotiser (le plus souvent à la reprise d’un emploi salarié), vous devrez transférer les fonds depuis votre compte de libre passage vers la caisse de pension de votre nouvel employeur.
Bon à savoir: c’est à vous de faire les démarches lorsque vous transférez les fonds cotisés au titre du deuxième pilier vers ou depuis un compte de libre passage, vous pouvez donc choisir librement votre établissement bancaire.
Devenir indépendant: le retrait anticipé de votre deuxième pilier
Si vous quittez une activité salariée pour devenir indépendant, vous n’êtes plus obligé de cotiser au titre du deuxième pilier, et ce changement de situation est considéré comme pérenne. Dans ce cas, vous avez le droit de retirer le capital accumulé sur votre deuxième pilier de manière anticipée et d’en user librement. Pour ce faire, vous devez:
-
Prouver que vous avez commencé une activité indépendante,
-
Faire votre demande de retrait dans l’année qui suit le début de votre nouvelle activité,
-
Demander le consentement de votre conjoint (si vous êtes mariés ou en partenariat enregistré).
Bon à savoir: vous pouvez également continuer de cotiser volontairement au titre du 2e pilier quand vous devenez indépendant, afin de toucher une rente plus élevée une fois à la retraite.
Le deuxième pilier: une prévoyance retraite flexible
Le deuxième pilier est un système de retraite assez flexible qui s’adapte à vos besoins et aux accidents de la vie. Vous pouvez volontairement renforcer son rôle de prévoyance retraite, ou au contraire le retirer de manière anticipée sous certaines conditions.
Investir dans son deuxième pilier: le rachat volontaire
Rappelons que plus le capital cotisé au titre de votre 2e pilier est élevé, plus votre rente sera élevée une fois à la retraite. Il est donc possible d’investir volontairement dans votre deuxième pilier pour vous assurer une meilleure rente. Cet investissement (aussi appelé rachat) peut être particulièrement recommandé si:
-
Vous n’avez pas cotisé au titre du deuxième pilier pendant une période plus ou moins longue (votre deuxième pilier était alors sur un compte de libre passage): vous avez donc des lacunes de cotisation qu’il est possible de racheter.
-
Vous cotisez d’avantage que par le passé (parce que votre salaire est plus élevé ou que votre caisse de pension est plus avantageuse): vous pouvez racheter la différence entre vos cotisations passées et actuelles selon les conditions de votre nouvelle caisse de pension.
Bon à savoir: vous pouvez déduire de vos impôts l’argent investi dans votre deuxième pilier.
Retirer son deuxième pilier pour investir dans votre résidence principale
Vous pouvez retirer tout ou partie de votre deuxième pilier de manière anticipée pour investir dans votre résidence principale, notamment si vous envisagez:
-
D’acheter votre résidence principale,
-
De réaliser de travaux de rénovation dans votre résidence principale,
-
D’amortir des prêts hypothécaires concernant votre résidence principale.
Ce retrait anticipé ne peut se faire que tous les cinq ans. Vous pouvez retirer tout votre deuxième pilier si vous avez plus de 50 ans, mais seulement un montant limité si vous avez moins de 50 ans. Dans tous les cas, vous devez demander le consentement de votre conjoint (si vous êtes mariés ou en partenariat enregistré). Rapprochez-vous de votre caisse de pension pour plus de détails.
Bon à savoir: gardez à l’esprit que le fait de retirer tout ou partie de votre deuxième pilier diminuera vos rentes au moment de la retraite.
Retirer son deuxième pilier pour quitter définitivement la Suisse
Vous pouvez également récupérer tout ou partie de votre deuxième pilier de manière anticipée si vous quittez définitivement la Suisse, en fonction de votre nouveau pays de résidence:
-
Si vous déménagez dans un pays de l’UE ou de l’AELE, vous ne pouvez retirer qu’une partie (dite subrogatoire) de votre deuxième pilier. L’autre partie (dite obligatoire), vous sera versée sous forme de rente une fois l’âge de la retraite suisse atteint (64 ans pour les femmes et 65 ans pour les hommes).
-
Si vous déménagez dans un pays hors de l’UE et de l’AELE, vous pouvez retirer l’intégralité de votre deuxième pilier et en user librement.
Bon à savoir: si vous avez un compte de libre passage, n’oubliez pas de récupérer les fonds stockés qui s’y trouvent au moment de quitter définitivement la Suisse!
Le deuxième pilier en cas de divorce ou de décès
Vous cotisez seul au titre du deuxième pilier si vous êtes célibataire, mais vous cotisez avec votre conjoint si vous êtes en couple (marié ou en partenariat enregistré). En cas de divorce ou de dissolution du partenariat enregistré, les fonds cotisés pendant la période de mariage ou de partenariat enregistré sont donc en principe légalement partagés par moitié entre votre ex-conjoint et vous.
En cas de décès, le conjoint survivant reçoit une rente sur le deuxième pilier du défunt. Cette rente est complète si vous avez au moins 45 ans, que votre mariage ou partenariat enregistré a duré au moins cinq ans ou que vous avez au moins un enfant à charge. Si ces conditions ne sont pas réunies, le survivant touche une allocation unique équivalente à trois rentes annuelles. Les orphelins (d’un ou des deux parents) touchent également une rente jusqu’à 18 ans, et jusqu’à 25 ans s’ils sont en études supérieures ou en apprentissage).